Parmi les cérémonies traditionnelles au Togo, l’Evala est de loin la plus populaire. Elle est très pratiquée dans sa région d’origine et principalement dans la préfecture de la Kozah en région de la Kara. L’Evala, c’est la fête de la lutte en pays Kabyé. Une cérémonie traditionnelle d’une très grande signification dans la vie des populations et plus précisément des Kabyés. Au départ célébrée sous forme de rite d’initiation, elle est devenue une fête nationale et a lieu chaque année au cours du mois de Juillet.

Origine

C’est au cours du XVIIIe siècle que les premières manifestations des Evala eurent lieu. Elles se déroulaient sous forme de défi entre deux personnes : Tchablime du village de Kpédaw et son adversaire Fawokézié de Kolidè. C’étaient des lutteurs de différentes corpulences qui mesuraient respectivement 2 m et 1.4 m. Malgré sa petite taille, Fawokéié remporta le duel historique, ce qui marqua le début des manifestations dans le village et donna lieu à d’autres affrontements dans le reste de la préfecture de la Kozah.
Les affrontements se déroulaient sur plusieurs heures et se pratiquaient avec un bâton et une chicotte. Les opposants s’affrontaient en se frappant jusqu’à ce que l’un fasse tomber son adversaire. Une fois à terre, le vainqueur affirmait sa victoire en s’asseyant sur la poitrine de son adversaire. Au départ, ces duels avaient pour but de régler les conflits interpersonnels au sein des villages et des cantons. Ce n’est que vers la fin des années 1940 qu’ils prirent la forme de compétitions intervillages. Au-delà de l’initiation, ils devinrent des spectacles et des moments de réjouissance pour les populations.

L’Evala ou le rite d’initiation

La cérémonie des Evalas-togo

L’Evala est l’une des plus grandes manifestations initiatiques au Togo. C’est un rite de passage chez les jeunes hommes en pays Kabyés pour marquer leur transition vers l’âge adulte. Elle a pour objectif de prouver leur endurance et leur courage. Durant le rite, l’initié est tenu d’observer le jeûne et l’abstinence sexuelle. Des scarifications sont réalisées sur son corps pour servir de protection contre le mauvais sort. En plus de l’Evala qui a lieu sous le regard des spectateurs, il doit passer par plusieurs autres cérémonies éprouvantes, des attrapades et même des internements.
Le chien occupe une place très importante durant la cérémonie. Traditionnellement, l’initié doit manger cette viande dans le but d’acquérir les caractéristiques de l’animal, c’est-à-dire la force, l’endurance, la ténacité et l’intelligence. Selon la coutume, l’animal doit être acheté par son oncle maternel. L’Evala est donc un examen de socialisation de l’adolescent qui devra lutter durant trois années successives. Après les épreuves, il obtient un nouveau statut social et prend le nom de Evalou (Evalaa au pluriel). Parmi ses prérogatives, il obtient dorénavant le droit d’exploiter la terre à son propre compte, de se marier, de défendre la cité en cas d’attaques extérieures et surtout d’entrer en contact avec les divinités. Autrefois, si un jeune se dérobait et refusait de passer le rite, il était rejeté et subissait d’énormes représailles de la part de la communauté et même de ses parents. Avec le modernisme et les religions, les coutumes se sont assouplies et cela ne représente plus un problème au sein de la communauté.

Les luttes

La cérémonie des Evalas-Tpgp

Après le rite d’initiation viennent les luttes. Les participants sont regroupés en deux équipes qui peuvent s’affronter successivement au cours de quatre ou cinq combats dans une arène. Sous l’oeil des membres de leur famille, amis et même des visiteurs de passage, ils luttent torse nu sous les sons de cors, gongs, castagnettes et tamtams. Est sacré vainqueur le groupe qui aura remporté le plus de victoires au cours des différents combats. Les sages et anciens de la communauté sont chargés de veiller au respect du règlement. Au début et à la fin des Evalas, ils se rendent dans des lieux sacrés comme dans des forêts ou dans des grottes afin de rendre hommage aux ancêtres et les remercier pour le bon déroulement des cérémonies.